Recyclage d'un ancien NUC en rétro-console fanless

Recyclage d’un ancien NUC en rétro-console fanless

Ce qui est bien avec les objets, c’est qu’on peut les mettre de côté. Puis les ressortir plus tard pour les réutiliser…

Il y a peu, j’ai voulu centraliser pas mal d’usages dans un seul et même ordinateur : Linux pour le quotidien, Windows quand j’ai besoin d’une appli ou jeu exclusif à cet OS, et Batocera pour les jeux rétro. Tout ceci est connecté à la télévision. Mais avec le temps, je me suis déjà retrouvé à devoir jongler entre un (rare ?) programme intéressant à la TV et un logiciel sur le PC, ou bien attendre qu’une tâche (ex : téléchargement) se termine sur le PC avant de devoir le redémarrer sous Batocera et pouvoir faire une partie.

Après mûre réflexion, j’ai finalement décidé de séparer certains usages : le PC sur un éventuel bureau, et la partie console à part, connectée à la télévision. Et justement, j’avais pour ça une vieille minimachine qui n’attendait que de ressortir de l’armoire…

Le matériel d’origine

Il s’agit d’un NUC (de souvenir, le modèle BOXD54250WYK2 dont une variante était testée sur Minimachines).

Le NUC BOXD54250WYK2

Cet appareil sorti vers 2013 ou 2014 utilise un processeur Intel i5-4250U , un double cœurs spécialisé pour les engins mobiles de l’époque pouvant être cadencé à 2.6 GHz max. Il intègre une partie graphique HD Graphics 5000 , et il développe 15 Watt de TDP : en gros, un processeur probablement dépassé pour les joueurs exigeants d’aujourd’hui, mais qui propose des performances honorables si on ne pousse pas les détails à fond, ou si on ne lui demande pas d’émuler une PS3. En gros, ça émule jusqu’à la Wii, Dreamcast, et quelques jeux de la PS2 (pour laquelle il faut faire quelques réglages pour décharger le CPU). Oubliez la Wii U ou la Switch.

À l’époque déjà, ce NUC me gênait lorsque le ventilateur tournait à fond. Je l’avais donc installé dans un boîtier fanless de chez akasa (le model Tesla H) puisqu’il permettait de dissiper efficacement les 15W de TDP.

Le boîtier Akasa Tesla H original

J’ai été surpris de voir qu’il disposait de 8GB de mémoire RAM DDR3L, de ce côté rien à ajouter. Au fil du temps pour d’autres machines, j’ai aussi mis de côté des disques de stockage 2,5 pouces : du coup on a tous les ingrédients pour se faire un petit truc bien sympa !

L’esthétique

Car ce n’est pas tout : même si le boîtier akasa me plaisait esthétiquement, j’ai toujours voulu y réaliser une modif qui m’est venue en lisant les articles sur l’Atari VCS. Il faut dire que malgré le fait que je lui trouve des inconvénients, je considère que la VCS est une machine réussie esthétiquement. En plus je trouve qu’elles partagent quelques ressemblances avec leur form-factor aplati et strié, mais je manque d’outils et je pense aussi de compétences pour en faire plus qu’un un vrai clin d’œil.

J’ai donc principalement souhaité modifier le panel avant. Il y a deux points dans son aspect que j’ai voulu changer :

  • le panel d’origine est noir métallique comme le reste du boîtier akasa. J’ai donc acheté du vrai bois brun pour rappeler l’Atari. Ça se présente sous la forme de feuilles très fines d’environ 1mm d’épaisseur. De souvenir, on en trouve en ligne pour pas cher.
  • les LED témoins d’origine (mise en marche et activité du disque) sont de couleur bleu intense et jaune. Je souhaite les passer respectivement en blanc et vert qui à mon avis, passeraient mieux avec la nouvelle déco boisée.

La LED d’origine (on ne voit pas la jaune correspondant au témoin du stockage)

Pour l’anecdote, avant de m’attaquer à la façade avant, je me suis rendu compte d’un gros souci : j’ai perdu le bouton de mise en marche de l’appareil, impossible de mettre la main dessus. Ayant une taille spécifique, j’ai donc contacté akasa en Grande-Bretagne qui m’a redirigé vers son fournisseur Green-Spirit en France : ils se sont vraiment investi pour m’envoyer un bouton de remplacement presque identique (bon diamètre, mais trop long : il a fallu le raccourcir à la scie à métaux pour que ça passe), le tout gratuitement et avec une extrême gentillesse. Ça m’a beaucoup ému, ils n’avaient rien à gagner financièrement sur cette opération, le côté humain existe encore dans ce monde devenu fou par la course aux richesses.

Pour en revenir au projet, il est plus simple de commencer par la modification des LED. Pour cela, il faut dessouder les anciennes LED (elles sont accessibles à l’avant du boîtier) puis on ressoude les nouvelles à la place. J’ai personnellement installé des modèles ELEGOO avec une tension de 3,5V-4V. Maintenant, place au chantier le plus difficile : la façade avant.


Une fois le panel avant démonté, on doit délicatement couper la feuille de bois (très fragile) aux ciseaux avec une forme grossière, puis passer au scalpel pour prendre en compte la forme et certaines spécificités du panel (récepteur infra-rouge, bouton de mise en marche, etc.), puis on colle la feuille de bois ainsi découpée sur le panel avec de la colle époxy bi-composant. Il faut bien plaquer et aligner le tout et on laisse agir une nuit.

La (fragile) “feuille” de bois et la phase de découpe

Le lendemain, on peut alors commencer à poncer légèrement la plaque de bois au grain fin afin d’y retirer certaines aspérités. Comme j’ai peur d’endommager le bois avec le temps (clés USB, prise jack audio, rayures, etc.), je décide de le protéger avec de la résine époxy qui lui donne un aspect “laqué” .

Le panel en bois est poncé avant mise en place de la résine époxy

Attention à bien mettre un masque et des gants, et bien aérer lorsque l’on manipule ce genre de résine, surtout si on décide de polir ce matériau. La résine doit être mélangée selon les préconisations, ça peut-être du 50% résine / 50% durcisseur ou un autre ratio suivant le modèle. Après avoir essuyé la plaque de bois, on peut y étaler une légère couche du mélange époxy et on peut utiliser un décapeur thermique pour faire fuir les bulles éventuelles. Il faut ensuite laisser sécher le temps de la préconisation (en général 24 ou 48h) à l’abri de toute poussière et à une température proche de 25°C.

Non, on ne rajoute pas de sel, ni de poivre.

Une fois la première couche appliquée, je m’aperçois que le bois a bu la résine à certains endroits laissant un film satiné à la surface, alors qu’à d’autres endroit il a été totalement saturé et noyé dans la résine. Je passe donc un ponçage très fin à sec (grain 300, puis 400) histoire de niveler et homogénéiser un peu tout ça (n’oubliez pas : masque et gants ! le tout dans un endroit aéré). On passe alors à la couche finale du laquage en étalant cette fois-ci le mélange de manière plus épaisse. Il faut bien veiller à ce que le niveau du panel soit bien horizontal afin que la résine s’étale équitablement partout, sinon ça risque de repartir en polissage, etc. Idem, on laisse sécher selon les préconisations.

Le panel sec semble mouillé à cause de son effet “miroir”

Une fois le panel sec (j’ai dû bien faire attention à respecter la température des 25°C parce que la résine avait du mal à sécher), on peut enfin l’assembler, avec le reste des composants, puis on installe l’OS.

L’Assemblage

La partie OS

On installe donc Batocera. C’est une distribution permettant de jouer à des jeux rétro, des jeux PC (via Wine et Proton qu’on retrouve sur Steam), et aussi lire des fichiers média avec Kodi, tout ça dans une interface bien finie et ergonomique. Batocera s’installe sur une clé, que je choisis de connecter au port USB 3.0, suffisant pour faire tourner l’OS de manière fluide. J’ai décidé de stocker les jeux séparément dans un HDD de 2TB.

Une fois qu’on lance Batocera, on appaire éventuellement une manette Bluetooth, puis on indique que le répertoire pour les jeux est situé sur le disque dur de 2TB, et c’est prêt !

Les fameux témoins LED (je ne pense pas que le bleu et jaune d’origine aurait été cohérent avec cette déco)

Et voilà, on a recyclé notre ancien NUC en une petite console fanless sympa qui fait tourner des jeux rétro, des jeux PC, mais aussi Kodi. Encore un grand merci à akasa et Green-Spirit pour avoir été à la fois symaptique avec moi et professionnellement investi.

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